Qui est Pier Paolo Pasolini ? Un mort tragique, sauvagement assassiné sur une plage d'Ostie, près de Rome, par un jeune prostitué ? La victime d'une époque, d'une morale, d'un camp politique ? Un poète frioulan ? Un cinéaste de la provocation ? A-t-il, comme le suggère Dominique Fernandez dans un roman admirable mais subjectif, construit son destin pas à pas pour finir en martyr ? Pier Paolo Pasolini s'affirmait marxiste bien que chassé très jeune d'un Parti communiste italien gêné par sa sexualité hors norme. Il s'avouait catholique bien que non croyant. Artiste multicarte, touche-à-tout de génie à la Cocteau, défenseur des langues régionales et du sous-prolétariat romain, considéré comme un provocateur parce qu'il usait de sa liberté d'homme, il demeure inclassable, y compris sur les rayons des librairies. Mal-aimé et adoré, celui qui ne cherchait que l'amour termina sa vie comme il l'avait vécue : en énigme, en homme paradoxal et contradictoire. Christian Soleil tente dans cet ouvrage de resituer Pier Paolo Pasolini dans sa complexité et sa diversité d'homme multiple : au centre, un homme qui pense, qui pense sa vie plus qu'il ne la vit ni ne l'intègre, qui observe de l'extérieur le cours des choses, le cours du temps et, à distance, prévoit la mort qui l'attend, d'une lucidité médiumnique. À travers interviews, extraits de l'œuvre, paroles de ses contemporains et analyses de ses productions littéraires et cinématographiques, Christian Soleil redonne à Pier Paolo Pasolini l'unité de l'homme qu'il fut, infini parce vivant.