La question des rapports qui lient la raison et le récit fantastique au XIXe siècle, examinée ici à travers plus de cent cinquante contes et nouvelles, peut appeler trois types de réponses : on peut y entendre l'écho amplifié des bouleversements scientifiques de l'époque, la version fantasmatique engendrée dans l'esprit du public par les progrès inouïs de la science. C'est là une lecture sociologique du récit fantastique. On peut y lire aussi une mise en scène des manifestations de la déraison chez le personnage, suscitée par la nouveauté du fait psychiatrique à ses débuts. Et notamment sous des formes étudiées par la clinique, qui vont de l'inhibition la plus banale à la schizophrénie. C'est là une lecture psychiatrique du récit fantastique. On peut y voir encore une théâtralisation des concepts qui deviendront ceux de la psychanalyse, une mise en scène des phénomènes inconscients, lesquels se détachent déjà du fonds des croyances ancestrales, mais n'ont pas pour autant acquis le statut de savoirs. Et c'est là une lecture psychanalytique.